NEW YORK (AP) – Des Musiciens de Jazz du monde entier se réuniront ce mois d’avril à Paris pour la Journée Internationale du Jazz, un évènement que l’Ambassadeur de l’UNESCO, Herbie Hancock, espère qu’il apportera un message positif porteur à une ville toujours marquée par les attaques terroristes du mois dernier.
Hancock et la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, ont annoncé mercredi que Paris a été sélectionnée comme ville hôte pour la quatrième édition de la Journée Internationale du Jazz, le 30 avril.
Hancock a souligné que les organisateurs ont initialement considéré Paris comme ville hôte pour célébrer sa place légendaire dans l’histoire du Jazz, longue de presqu’un siècle, à l’époque de la Première Guerre Mondiale lorsque les troupes Afro-Américains ont apporté cette musique en France.
Mais les attaques mortelles du mois de janvier contre le journal satirique français Charlie Hebdo et le marché alimentaire juif ont accentué la signification de l’évènement de cette année, a indiqué le pianiste de Jazz.
« Le Jazz a été un pont pour rassembler les gens » a indiqué Hancock. « Ce n’est pas sectaire, et ce n’est pas seulement pour un group ethnique particulier. C’est pour les être-humains. Il faut reconnaître ce qui nous rend similaires, tout en respectant ce qui nous rend différents. »
Bokova a indiqué que l’évènement a été prévu comme marquant la célébration d’une année entière dédiée au soixante-dixième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
Elle a souligné qu’en cette période de turbulences, le concert « All-Star » au siège de l’UNESCO à Paris, qui sera diffusé en streaming à travers le monde, sera porteur d’un message essentiel.
« Le Jazz n’est pas seulement une musique. Le Jazz traite des droits civils, de la dignité humaine et du dialogue entre les cultures, » a dit Bokova, interviewée par téléphone depuis Paris. « Le Jazz souligne l’importance de la créativité et de la liberté d’expression. »
Hancock, Wayne Shorter, Dee Dee Bridgewater, Dianne Reeves, Al Jarreau, et Marcus Miller vont être parmi les vedettes américaines du Jazz jouant au concert qui sera le point culminant des célébrations de la Journée Internationale du Jazz.
Parmi les musiciens internationaux, les trompettistes Hugh Masekela (Afrique du Sud), Ibrahim Maalouf (Liban) et Claudio Roditi (Brésil) , les saxophonistes Igor Butman (Russie), Femi Kuti, (Nigeria) et Guillaume Perret (France), et le Maître de oud Dhafer Youssef (Tunisie).
La Journée sera lancée par une cérémonie d’inauguration à l’Hôtel de Ville, suivie de programmes éducatifs et des représentations dans les 20 arrondissements de Paris, comme l’a indiqué Tom Carter, Président du Thelonious Monk Institute of Jazz, qui organise l’évènement en partenariat avec l’UNESCO. En soirée, plus de 50 concerts de jazz se tiendront dans tout Paris.
Une fois encore, des événements pour la Journée du Jazz sont également prévus dans près de 196 Etats membres de l’ONU. Bokova a indiqué que l’initiative s’est propagée rapidement depuis son lancement en 2012 lorsque près de 70 pays avaient alors participé.
L’année dernière, la Journée du Jazz a même atteint l’Antarctique, où le personnel des Stations de McMurdo et de Palmer ont joué des classiques de Jazz.
Pour Hancock, qui a gagné un Oscar pour la Meilleure partition originale pour le film « Round Midnight », sorti en 1986, qui traite des Jazzmen américains expatriés à Paris, la capitale française est ainsi la ville hôte la plus appropriée compte tenu de cette riche tradition.
Dans les années 1930, le Hot Club of France Quintet au sein duquel jouaient le guitariste Django Reinhardt et le violoniste Stéphane Grappelli est devenu le premier groupe de jazz européen à avoir un impact majeur. Après la seconde guerre mondiale, les artistes de jazz américains tel que le saxophoniste soprano Sydney Bechet, le batteur Kenny Clarke et le pianiste Bud Powell se sont installés à Paris.
« Le sentiment que vous ressentez à Paris… est celui d’un respect profond et d’un honneur du peuple français, » a dit Hancock. « Ils admirent le Jazz comme un grand art musical. »
– par Charles Gans